Scandale du Mediator® : Jacques SERVIER convoqué le 11 février 2011 devant le tribunal correctionnel de Nanterre (France)
(AFP) Le fondateur et président du laboratoire Servier, Jacques SERVIER, fabricant du Mediator®, est cité à comparaître le 11 février devant le tribunal de grande instance de Nanterre (Hauts-de-Seine), a-t-on appris lundi auprès d’un des avocats qui l’a assigné.
SERVIER, 88 ans, sera appelé à comparaître le 11 février à 13H30 devant la 15e chambre correctionnelle du TGI de Nanterre, a précisé à l’AFP Me François Honnorat, confirmant une information du Figaro.
Jacques SERVIER, ainsi que les laboratoires qu’il dirige, et la société Biopharma, qui a commercialisé le Mediator®, sont visés par deux citations directes pour « tromperie », délivrées par Mes Honnorat et Charles-Joseph Oudin.
La citation délivrée par Me Honnorat concerne une patiente traitée au Mediator® entre 1996 et 2009 et qui est atteinte d’une pathologie cardio-vasculaire.
La patiente reproche au laboratoire de l’avoir « par réticence ou par mensonge, à tout le moins depuis le mois de mars 2000 et jusqu’au 30 novembre 2009 (…) délibérément trompée sur la nature, l’espèce, l’origine, les qualités substantielles, la composition ou la teneur » du médicament.
« Ces agissements ont eu pour conséquence de rendre l’utilisation de cette spécialité pharmaceutique dangereuse pour la santé » de la patiente.
Celle-ci réclame notamment 100.000 euros de dommages et intérêts « pour réparation du préjudice moral qui est résulté de cette tromperie ».
Le 11 janvier, l’Association des Victimes de l’Isoméride® et du Mediator® a déposé 116 plaintes au parquet de Paris pour homicides et blessures involontaires provoques par ce médicament commercialisé en 1976.
Le Mediator® (benfluorex), un médicament des laboratoires Servier destiné aux diabétiques en surpoids, prescrit aussi comme coupe-faim à des non-diabétiques, avait été retiré de la vente en France en 2009 en raison des risques cardiaques encourus par les patients ; cinq millions de malades l’ont utilisé (sic).
Le ministre français de la Santé Xavier BERTRAND a dénoncé dimanche « une responsabilité première et directe » de Jacques SERVIER et s’est engagé, à la suite de l’affaire, à une refonte du système de contrôle des médicaments.
A l’automne 2010, l’Agence française de Sécurité sanitaire des Produits de Santé (AFSSaPS) avait révélé une estimation de la Caisse nationale d’Assurance Maladie selon laquelle le médicament aurait fait au moins 500 morts en 33 ans.
Et plus de 3.500 patients auraient été hospitalisées pour des lésions des valves cardiaques. Ces chiffres sont issus d’une nouvelle analyse que Le Figaro s’est procurée et dont les résultats ont été présentés ce lundi 17 janvier après-midi lors d’une réunion extraordinaire de pharmacovigilance à l’AFSSaPS. Ce document insiste sur le fait que cette estimation de mortalité est a minima.
Dans ce contexte, l’AFSSaPS a recommandé mardi 18 janvier aux patients ayant pris du Mediator® pendant au moins trois mois entre 2006 et 2009 de consulter leur médecin traitant. Il s’agit de vérifier si les patients montrent un « symptôme ou signe évocateur d’une atteinte valvulaire ».
Le ministre de la Santé, Xavier BERTRAND, va plus loin en recommandant à tous ceux qui ont pris du Mediator® de consulter leur médecin traitant, et tout particulièrement à ceux « qui en ont pris pendant trois mois au cours des quatre dernières années ». L’Assurance-maladie devrait contacter chacun des patients concernés.
Cette affaire montre – une fois de plus – le cynisme de l’industrie pharmaceutique, laquelle n’hésite pas à faire passer ses intérêts commerciaux avant la santé de la population et trouve plus rentable d’indemniser après coup ses victimes, plutôt que de dévoiler les effets secondaires de ses produits.