Servier était au courant depuis 1995 de la nocivité du médicament Mediator
(Belga) Le laboratoire pharmaceutique Servier, au centre d’un scandale sanitaire en France, faisait face jeudi à de nouvelles accusations, le journal Le Monde affirmant qu’il connaissait « depuis au moins 1995 » la nocivité du Mediator, anti-diabétique responsable de la mort de centaines de patients.
« Un rapport de la filiale britannique de Servier établissait, en 1993, que, une fois absorbé par l’organisme, le Mediator donnait un composé, la norfenfluramine, dont il a été établi en 1995 qu’il était dangereux », écrit Le Monde. « Cela n’a pas empêché la firme de continuer à affirmer, en 2008, la tolérance cardio-vasculaire +satisfaisante+ du benfluorex, le nom scientifique du Mediator, dans le document de référence remis à ses délégués médicaux », poursuit le quotidien. Contacté par l’AFP, Servier a fermement démenti les conclusions du Monde: « la science n’était pas assez avancée en 1995 pour qu’on sache », a assuré Lucy Vincent, directrice générale chargée des relations extérieures du numéro deux français de l’industrie pharmaceutique. « Il y a des études qui sont menées régulièrement, mais il faut discuter les conclusions qui en sont tirées par Le Monde », a-t-elle ajouté. Médicament destiné aux diabétiques en surpoids largement détourné comme coupe-faim, le Mediator aurait fait en France en 33 ans entre 500 et 2.000 morts, avant d’être retiré du marché en novembre 2009. Plusieurs centaines de plaintes ont été déposées à ce jour. Le laboratoire a notamment été cité directement devant le tribunal correctionnel de Nanterre, près de Paris, sur la base d’une accusation pour « tromperie aggravée ».