Facebook : « une épouvantable machine à espionner”
Dans une interview pour Russia Today en avril 2011, Julian ASSANGE s’en est violemment pris à Google, Yahoo ! et surtout Facebook qu’il accuse d’être “la plus grande machine à espionner jamais inventée”.
“Facebook, c’est la base de données la plus complète du monde sur les gens, leurs relations, leurs noms, leurs adresses, leurs proches et leurs communications les uns avec les autres”. Le tout, selon le fondateur de Wikileaks, au profit des renseignements américains. “Chacun devrait comprendre que quand il ajoute des amis sur Facebook, il fait un travail gratuit pour les services de renseignements des Etats-Unis.”
Julian ASSANGE précise toutefois que Facebook n’est sans doute pas “dirigé” par les renseignements américains. “Mais ils (Facebook surtout, mais aussi Google et Yahoo !) ont développés des interfaces qui peuvent directement servir” ces agences de renseignement qui peuvent leur “mettre une pression légale et politique” pour obtenir ces informations.
Avoir un profil Facebook, c’est exister virtuellement et socialement.
Le problème, c’est que cette existence virtuelle peut dans certains cas conduire à des ennuis très concrets : voici quelques années, on a évoqué les déboires de certains indépendants qui avaient un peu trop étalé leur train de vie sur leur profil Facebook, photos à l’appui ! Le fisc les avait repérés – quitte à créer un « ami » fictif permettant d’accéder aux données soi-disant confidentielles.
Comme l’explique Xavier PAULIK dans une interview à la revue économique française Capital : « Facebook entretient surtout l’illusion que vous contrôlez vos informations. Dès les premiers clics, la configuration du profil relève du casse-tête et peu d’utilisateurs y prêtent vraiment attention, car les paramètres par défaut sont très ouverts. On s’y intéresse surtout quand on a vécu une mésaventure, mais c’est trop tard. »
Quant aux « amis » Facebook : « Ne soyons pas naïfs : le mot ami chez Facebook est si j’ose dire un faux ami. Cette notion exprime surtout votre capacité de résistance à la pression sociale ou votre niveau de «sociabilité numérique ». Vous construisez un ensemble de relations et Facebook n’a de cesse de vous proposer d’étendre ce réseau en entretenant la confusion entre « connaissance » et « ami ». »
Mais le pire est encore à venir : « En utilisant la fonction Tag ou l’outil Place, ces fameux « amis » peuvent aujourd’hui vous désigner, à tort ou à raison, sur une photo où ils vous reconnaissent et signaler votre présence dans un lieu. Il n’y a aucun moyen d’authentifier l’information qui circule sur vous. Dans les conditions générales vous acceptez même que votre nom et votre photo soient affichés à l’un de vos « amis », associés à une marque ou à un produit, si Facebook détecte que vous partagez un intérêt commun. »
Faites vous-même l’expérience : rien n’échappe au trio Google, Yahoo ! et Facebook…
Le meilleur conseil que l’on puisse donner au niveau de la philosophie d’utilisation de ces plateformes est de ne pas les considérer comme un moyen de stocker des informations sur soi-même (ce que l’on pourrait regretter un jour…), mais plutôt comme un moyen de diffuser des éléments quasiment « publicitaires ».
Par « publicitaires », nous entendons des éléments de la vie professionnelle, expurgés de toute information privée ou sensible non nécessaire, présentés d’une manière flatteuse et susceptibles d’avoir un impact positif sur votre carrière.
On s’abstiendra ainsi de divulguer – en tout cas sans nécessité « publicitaire » – des données telles que : date de naissance, adresse et téléphone privés, orientations politiques, sexuelles, hobbies, etc. (attention au vol d’identité ou « identity theft ») ; de même, on ne publiera absolument rien sur les enfants ou sur le train de vie.
Une prudence toute particulière s’impose en ce qui concerne les photos ; une fonction « Google Images » existe d’ores et déjà qui permet d’afficher toutes les photos associées à votre nom…
Ces trois plateformes – Google, Yahoo ! et Facebook – sont complétées par de redoutables instruments d’identification et de surveillance :
– l’adresse IP : même lorsqu’elle est dynamique, l’adresse IP permet de localiser un internaute – parade : des « proxies » comme NetShade ;
– les fameux « cookies », que l’on peut en principe refuser ou enlever de son navigateur (« browser ») et dont le plus connu est le célèbre « Google Analytics » : des modules de Firefox tels que Ghostery permettent de bloquer ces indésirables ;
– les « tracking cookies », dont le rôle est de renseigner un site tiers – c’est-à-dire en définitive plusieurs sites à la fois – sur vos habitudes* : leur élimination requiert un logiciel spécialisé du type MacScan ;
– les « zombie cookies » sont des bouts de programme en « flash » placés sur le logiciel Adobe Reader, qui présentent la caractéristique de se régénérer à chaque fois qu’ils sont éliminés : seuls des programmes spécifiques comme Better Privacy parviennent à les éliminer ;
– enfin, il y a les logiciels espions (« spyware ») et autre chevaux de Troie, communiquant à des tiers toutes vos informations confidentielles (carte de crédit, mots de passe, etc.) y compris les frappes sur votre clavier !
Beaucoup de ces instruments sont présentés comme une « aide » apportée à l’internaute : il est vrai qu’un honnête « cookie » – que l’on peut donc détruire aisément – permet d’éviter la répétition inutile du choix d’une langue ou de l’introduction d’un code d’accès.
Mais, on tombe assez rapidement dans une forme d’espionnage, d’autant plus vicieuse que c’est l’internaute qui livre lui-même – et évidemment à son insu – les informations relevant de sa vie privée**.
Tous ces dangers ne concernent toutefois que l’utilisation d’un ordinateur par une seule et même personne : en cas de partage, l’historique, les mots de passe, les signets (« bookmarks »), etc. peuvent fournir des renseignements très détaillés à l’utilisateur suivant.
Le navigateur le mieux « sécurisé » semble être Firefox, logiciel gratuit et constamment remis à jour ; de nombreux modules complémentaires (« add-ons ») peuvent être téléchargés.
Il faudrait aussi parler des « smartphones », dont le plus connu est l’iphone d’Apple… et qui sont ni plus ni moins de petits ordinateurs permettant de surfer… mais avec en outre une fonction de « géolocalisation »***.
Résumé des conseils :
a) Soyez extrêmement prudent au sujet de votre profil Facebook et n’y placez que des informations quasiment « publicitaires », c’est-à-dire celles dont la diffusion est hautement désirable afin de stimuler votre activité professionnelle ;
b) Evitez de poster trop de photographies de vous-même ou de vos proches sur le web (Google les trouvera et les associera très rapidement à votre nom…) ;
c) Utilisez de préférence le navigateur Firefox, et adjoignez-lui Better Privacy ainsi que d’autres modules protégeant votre vie privée (Ghostery,etc.) ;
d) Achetez un logiciel de détection de « spywares » et autre « tracking cookie »**** ;
e) Cantonnez Google dans sa fonction originelle de moteur de recherche et évitez à tout prix de lui confier en outre vos emails, la gestion des statistiques de votre site, etc. : Google possède déjà suffisamment d’informations sur vous grâce à l’historique de vos requêtes Google, à ChromeBook et à Google Analytics ;
f) Effacez votre historique à intervalles réguliers et certainement lorsqu’un tiers va utiliser votre ordinateur (ou votre smartphone) ;
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* Cela permet à Facebook, Google ou Yahoo ! de savoir que vous avez par exemple visité un site consacré aux montres de luxe et ainsi, lors de votre visite, d’afficher une publicité « ciblée » pour les montres Gucci plutôt que pour les aspirateurs Dyson : c’est diabolique !
** Google a même nourri voici quelques années le projet – véritablement ahurissant – de lire à l’aide de ses robots le contenu de tous les mails envoyés via sa messagerie gmail… afin d’orienter la publicité destinée au titulaire du compte de messagerie !
*** Permettant à Apple de savoir à tout moment où se trouve l’utilisateur de son iphone, grâce aux coordonnées géographiques GPS…
**** Attention : certains sites vous alertent sur cette menace et vous proposent de télécharger gratuitement un logiciel anti-spyware, mais vous « downloadez » en réalité… un programme espion !