Le « Journal du Médecin » veut faire payer sa pub par les médecins
En 2004 déjà, le « Journal du Médecin » — entendez : celui de l’industrie pharmaceutique — essayait de faire payer les médecins pour recevoir la publicité des firmes pharmaceutiques…
Le GBS avait alors appelé les médecins spécialistes à boycotter le « Journal du Médecin » et à se tenir informés via les « canaux classiques » :
Monsieur P. Dory, Directeur général
Monsieur J.P. Dehaspe, Administrateur délégué
S.A. Medimedia Belgium, rue du Bourdon 100, 1180 Bruxelles
cc. M. Einhorn, Rédacteur en Chef, Le Journal du Médecin
P. Backx, Hoofdredacteur, Artsenkrant
Messieurs,
Nous accusons réception de votre lettre concernant le paiement de l’abonnement au “Journal du Médecin”.
Nous aurions éventuellement pu comprendre de devoir payer cet abonnement, même s’il nous semble quelque peu fâcheux que nous, les médecins, devions payer pour la publicité de l’industrie pharmaceutique.
Toutefois, dans la mesure où nous avons appris que la mesure présente un caractère discriminatoire à l’encontre des médecins spécialistes, nous avons décidé de renoncer à l’abonnement.
Nous nous tiendrons informés de l’actualité médico-politique par le biais des canaux classiques. Nous vous proposons de rebaptiser dès à présent votre journal en « Journal du Médecin Généraliste ».
Nous vous autorisons à publier notre lettre dans votre journal.
Veuillez agréer, Messieurs, l’expression de notre considération distinguée.
Prof. Dr J.A. Gruwez
Président GBS
P.S.: Nous publierons la présente lettre dans la prochaine édition de notre périodique “Le Médecin Spécialiste”.
Depuis 2004, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts : Maurice EINHORN a été renvoyé dès 2005, DEHASPE et DORY ont été remplacés en 2007 par un certain Ben HOUDMONT, puis — début 2012 — « Le Généraliste » a fusionné avec le « Journal du Médecin ».
Et finalement, en 2013, ce dernier est passé de deux éditions hebdomadaires à une seule…
A présent, Ben HOUDMONT écrit aux médecins pour leur demander d’acquitter la somme de 99 euros*, sans quoi ils ne recevront plus la publicité de l’industrie pharmaceutique : la menace est effectivement redoutable !
Le motif invoqué est la « forte réduction des budgets publicitaires » des firmes pharmaceutiques : peut-on dire plus clairement que — durant des décennies — le « Journal du Médecin » n’a été qu’un instrument à la solde de l’industrie, destiné à manipuler le corps médical ?
Comment Ben HOUDMONT peut-il expliquer que l’honnête revue Prescrire soit florissante quand son propre journal sombre ?
A l’heure d’Internet, tout se sait et celui qui dissimule, noie le poisson ou intoxique se voit impitoyablement sanctionner, a fortiori s’il demande de l’argent…
On peut aussi se demander si la formule « papier » est encore adaptée à l’environnement actuel : Jeff BEZOS, CEO d’Amazon, déclarait en septembre 2013 : « Un jour, je ne sais pas dans combien d’années, ça pourrait être des décennies, les journaux imprimés sur du vrai papier pourraient être un produit de luxe. »
Dans la mesure où les informations recherchées par les médecins le sont dans le cadre de l’exercice de leur profession, celles-ci doivent être disponibles rapidement et surtout exemptes de pressions publicitaires : la formule « papier » a peut-être fait son temps dans le monde médical, sans qu’il faille attendre « des décennies ».
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* Etonnant pour un périodique légalement (AR du 7 avril 1995) réservé aux professionnels de la santé sous peine de sanctions pénales : celui qui s’abonne au Journal du Médecin est de tenu de renseigner… un numéro de TVA !