Rotation des patients en « salle d’op » et infirmières instrumentistes
QUESTION :
Cher Docteur Bourguignon,
Ayant beaucoup de difficulté à voir clair dans la loi sur les hôpitaux et sur l’art de guérir, je me tourne donc vers vous.
Comme vous le savez, je suis chirurgien vasculaire depuis 19.. et j’opère au …
Dans notre établissement, nous n’avons pas d’assistants en chirurgie ni de stagiaires candidats médecins.
Nous (tous les chirurgiens) travaillons depuis des années avec des infirmières instrumentistes de salle d’opération, soit indépendantes, soit salariées par nos soins.
Dans un souci de simplification et afin de faciliter l’activité de jeunes nouveaux confrères, nous avons demandé à la direction de notre hôpital, que les instrumentistes puissent faire partie du staff infirmier du bloc opératoire et que toutes les infirmières puissent être interchangeables (2 par salle, une qui circule et une qui instrumente à tour de rôle), l’administration de l’hôpital nous facturant à chacun le temps d’utilisation réel de l’instrumentiste (c.-à-d. le temps depuis son brossage jusqu’au moment où elle enlève ses gants, après avoir fait le pansement et rangé les instruments).
Ce système fonctionne depuis presque 2 ans, mais il y a une semaine la direction a dénoncé cette convention, car elle s’est rendu compte que le financement du temps mort entre les interventions était important et correspondait à plus ou moins 30% du temps global. Plus les opérations sont courtes et nombreuses, plus le temps mort est proportionnellement plus important.
La direction souhaite dés lors facturer aux chirurgiens ces 30% de temps mort !
Nous n’avons pas accepté cette proposition…
Nous estimons ne pas en être responsables : en effet, ce temps mort varie en fonction de toute une série de facteurs qui ne sont pas liés à l’acte chirurgical lui-même.
Il dépend du temps (anesthésie) d’endormissement et de réveil du patient, du personnel nettoyant les salles d’op, du temps d’installation du patient en salle (check list), des brancardiers qui conduisent les patients depuis les étages au quartier opératoire, de la préparation des patients dans les étages, du bon fonctionnement des ascenseurs, etc.
J’ai donc plusieurs questions à poser :
1/ depuis quand les médecins ont-ils la charge financière des instrumentistes ?
2/ avant cette date, qui avait la charge financière de l’instrumentiste? Faisaient-elles partie du BMF ?
3/ est-ce que la loi précise clairement si ce sont les chirurgiens qui sont responsables du financement des instrumentistes ou l’ensemble de la collectivité médicale de l’hôpital ?
4/ la fonction d’infirmière instrumentiste de salle d’opération, est-elle clairement définie dans la loi? entre les opérations, l’instrumentiste aide sa collègue à remettre le patient au lit, à préparer la salle pour l’intervention suivante… elle travaille donc pour l’institution…
5/ quelles sont les obligations de moyens qu’a l’institution hospitalière à ce sujet, notamment dans le cadre de la garde de nuit et de WE ?
5/ que doit finalement payer le médecin : le temps compris entre le brossage et le rangement des instruments ou tout le temps où l’instrumentiste est au quartier opératoire (la durée du programme opératoire ? … dans ce cas, vaut mieux arrêter d’opérer, car tous les prélèvements sur honoraires + les charges liées à l’instrumentation nous mèneront à la faillite…).
Je vous serais vraiment très reconnaissant et tous mes collègues également, j’en suis sûr, si vous pouviez nous éclairer là-dessus.
En vous remerciant d’avance et bien amicalement
REPONSE :
Je simplifie : vous aviez une convention (un contrat) avec l’hôpital, aux termes duquel ce dernier prenait en charge les appointements des infirmière instrumentistes.
Mais, l’hôpital a dénoncé cette convention (le pouvait-il ?) et souhaite conclure une nouvelle convention tenant compte du « temps mort » entre interventions. Vous devriez ainsi contribuer à raison de 30% de leur rémunération globale si je comprends bien.
Manifestement, l’hôpital aime les interventions (car elles lui rapportent des patients et de l’argent…), mais n’aime pas les temps morts (comme les avions restant longtemps au sol dans les aéroports…).
La véritable solution « win-win » serait de réduire ces temps morts et de conclure un nouvel accord avec l’hôpital, portant sur une prise en charge réduite.
Vous pourriez travailler sur deux salles : dès qu’un patient est « terminé », vous commencez le suivant dans l’autre salle : c’est ainsi que les dentistes — et surtout les orthodontistes — atteignent une rentabilité extrême.