A quand les dentistes-inspecteurs du SECM ?
Lorsqu’on consulte des dossiers au greffe du SECM, on peut apprécier le travail des médecins-inspecteurs, tout en déplorant que la méthode qu’ils utilisent est complètement dépassée sur le plan scientifique : le même type d’enquête aurait pu être mené au temps de Louis XVI…
En effet, les dossiers du SECM sont essentiellement composés d’auditions de patients et de « constats dentaires » établis par un médecin-inspecteur dépourvu de formation en dentisterie*.
Ne serait-il pas plus fiable de recourir aux services d’un dentiste-expert – ce que le SECM fait dans certains cas – ou à tout le moins de réaliser un cliché panoramique de contrôle (le SECM dispose à cet effet d’un orthopantomogramme) ?
Mais, cette méthode est surtout totalement inadaptée à la patientèle de certains dispensateurs « sociaux » : personnes très défavorisées, immigrés ne connaissant pas le français, toxicomanes, etc.
Le niveau intellectuel, les connaissances médicales de ces personnes défavorisées – souvent illettrées, voire même totalement incapables de s’exprimer en français, parfois toxicomanes – sont donc très faibles.
Comment peut-on attendre de ce profil de patientèle qu’il décrive avec précision, plusieurs mois après les soins, les prestations réalisées par un dentiste dans une partie du corps – la bouche – qu’il ne voit même pas ?
Ces personnes ont en outre peur – comme leur en menace la lettre de convocation du médecin-inspecteur – de voir leur droit aux prestations de santé suspendu en cas de « surconsommation » : elles vont donc minimiser les soins reçus pour ne pas être inquiétées.
Le cas extrême est celui de Fadma M., qui ne parle ni ne comprend un seul mot de français, et dont la traduction est assurée… par un enfant de douze ans (sic) !
Cet enfant de douze ans s’exprime d’ailleurs – comme du reste tous les autres patients auditionnés par le SECM – dans un français digne de Baudelaire quant au style et digne d’un étudiant en 3ème candi médecine quant au vocabulaire médical !
Sans nier le travail des inspecteurs, peut-on réellement considérer que de tels PVA reflètent la réalité ? Est-il crédible qu’un enfant de douze ans dont la mère ne connaît pas un seul mot de français use d’un langage aussi relevé ?
N’eût-il pas été plus simple pour tout le monde que le SECM réalise un cliché radiographique de contrôle, alors qu’il dispose d’un orthopantomogramme ou qu’il peut adresser les patients à un dentiste-expert ?
En ce qui concerne les constats dentaires, on peut soutenir qu’un médecin-inspecteur du SECM ne disposant d’aucune formation en dentisterie peut facilement passer à côté d’obturations (au sens large de ce terme**) réalisées à l’aide de matériaux composites.
En effet, c’est précisément le but recherché par cette technique relativement moderne.
Dès lors que la teinte du composite est la même que celle de l’émail de la dent obturée, et dès lors que l’obturation respecte la structure morphologique de la dent dans le cas des restaurations, l’intervention du dispensateur est imperceptible, excepté pour un autre dentiste et sauf à utiliser la sonde ou certains appareils spécifiques (radiographie, émetteur de lumière noire***).
Certains résines composites « haut de gamme » de la dernière génération sont même totalement indétectables à la radiographie ou à la lumière noire ; en outre, si l’obturation est de petite taille, le dentiste-expert devra s’aider d’une loupe !
Il est cependant des cas où le produit composite est tout bonnement indécelable****, quel que soit l’instrument utilisé, sauf à extraire la dent !
Pour ce qui est des obturations attestées sur des « dents arrachées », il s’agit essentiellement d’un problème de numérotation : en effet, il est bien connu que lorsqu’une dent manque, les dents voisines se rapprochent*****, si bien que l’on commet aisément des erreurs de numérotation – surtout si l’on n’est pas soi-même dentiste.
On lira sur ce sujet la News du 16 juillet 2009 Sur la fiabilité des témoignages des patients… et celle du 24 septembre 2009 Contrôle SECM chez les dentistes et matériaux composites.
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* Le SECM semble compter un ou deux médecins-inspecteurs licenciés en sciences dentaires. L’un de ces médecins-dentistes, de surcroît parfait bilingue, le Dr Jean-Philippe MOUSSET, n’effectue plus de contrôles suite à un accrochage avec SECURIMED, en 2004… A quand les dentistes-inspecteurs ?
** A savoir les obturations de cavité au sens strict et les reconstructions (ou « restaurations » dans le vocabulaire INAMI).
*** La lumière noire est également utilisée dans les détecteurs de faux billets : les euros portent des impressions à l’encre invisible à la lumière naturelle, qui deviennent visibles à la lumière noire…
**** Souvent, les caries débutent aux endroits que la brosse ne parvient pas à atteindre, c’est-à-dire au niveau des points de contact entre deux dents voisines. Or, les toutes petites caries ne sont pas visibles à la radiographie et ne se manifestent cliniquement que par une coloration de l’émail : si une carie du bord distal de la première molaire (36) devient suffisamment grande pour déranger le patient ou être détectée par le dentiste, celui-ci est obligé de pénétrer dans cette dent par sa face occlusale (donc par le haut). Lors du nettoyage de la carie de la 36, la paroi mésiale de la 37 devient visible à son tour, et le dentiste peut y découvrir une seconde carie, débutante, qui sera obturée à l’aide d’un composite présentant une surface aussi réduite que 1,5mm² ; après la restauration du grand délabrement de la 36, l’obturation de la 37 est forcément totalement masquée !
***** Ce phénomène se nomme « mésialisation » : les dents ont tendance à migrer vers la ligne médiane.