mongeneraliste.be va-t-il enterrer le projet @dvice ?
Si le web a terminé sa percée remarquée dans le domaine de la santé en général – cette époque est décidément révolue -, il est actuellement en train de s’inviter au cœur même de la relation soignant-soigné.
Il y a eu l’époque où – sous le rapport de la santé – le web était réservé à l’élite ; puis celle de la vulgarisation, où le patient visitait des sites ou même des forums comme l’épouvantable « Doctissimo » avant de consulter son médecin – ou pour recouper ses conseils… au grand dam d’ailleurs du thérapeute qui se voyait ainsi concurrencé, court-circuité par la toile.
Maintenant, l’heure est aux sites – appelés plateformes – de dialogue entre soignants et soignés.
Francis BRIES, de la société Challenger, avait imaginé la plateforme @dvice, sorte d’interface virtuelle entre médecins et patients, dispensant information, notices, documents, rappels de rendez-vous, etc.
Caractéristique de cette plateforme était sa double finalité, dont nous n’avions pas manqué de souligner les dangers dans notre News du 22 mai 2010 intitulée Connaissez-vous @dvice ?
M. BRIES voulait en effet améliorer l’adhérence au traitement via l’information – finalité officielle – mais surtout gagner beaucoup d’argent en transformant le médecin en relais publicitaire de Big Pharma – finalité cachée.
Il faut en effet savoir que l’AR du 7 avril 1995 interdit aux firmes pharmaceutiques de diffuser auprès des patients de la publicité pour leurs médicaments soumis à prescription médicale : d’où l’idée de la faire diffuser insidieusement… par les médecins, via une plateforme virtuelle mécanisée !
En général, les produits à double finalité de ce type ne connaissent pas le succès, le chèque-repas constituant vraisemblablement l’exception qui confirme la règle ; le projet de Francis BRIES était en outre trop gros, trop invasif : il prétendait prendre en charge l’ensemble (sic) de la relation médecin-malade en dehors des consultations réelles.
C’est la SSMG qui a sans doute trouvé le cadre approprié pour un site de communication entre le médecin et le patient : le projet mongeneraliste.be est limité à l’information du patient sur un choix de sujets qui reviennent souvent (HTA, diabète de type II, arthrose, etc.) – ce n’est donc pas une énième encyclopédie médicale -, est réalisé en collaboration avec des journalistes professionnels comme Karin RONDIA… et surtout bénéficie de l’importante caution morale et scientifique de la SSMG (et de quelques mutuelles).
Curieusement – c’est sans doute une coïncidence – c’est au moment où la plateforme mongeneraliste.be prend son envol qu’un autre pan de la plateforme @dvice est concurrencé : Mobminder est « l’agenda électronique qui facilite la prise de rendez-vous et envoie automatiquement des rappels personnalisés par sms. »
@dvice prétendait adresser des sms* aux patients pour leur rappeler diverses choses, notamment la prise de leurs médicaments, ce qui aurait donné lieu à des situations assez cocasses durant les vacances à l’étranger…
On voit donc que la communication, le dialogue entre médecin et patient par site web interposé sont en train de s’organiser à vive allure dans notre pays : le trop gros projet @dvice semble se fragmenter en tronçons purement scientifiques comme mongeneraliste.be ou purement commerciaux comme Mobminder, mais – pour l’instant du moins – exempts d’interférences en provenance de Big Pharma.
Car là se situe le grand danger : celui de voir les choix thérapeutiques et la consommation de médicaments influencés directement mais sournoisement – au niveau des patients – par des plateformes Internet aux mains de l’industrie pharmaceutique.
Il est à cet égard étonnant que les mutualités libres aient accepté de cautionner le système @dvice…
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* payés par l’industrie pharmaceutique, mais seulement sur le segment belge !