Elections dentaires 2011 : analyse des résultats
L’INAMI nous a aimablement fourni les tableaux (voir ci-dessous) reprenant le décompte des voix lors des élections dentaires de 2003, 2007 et 2011, exprimées en nombre et en pourcentage du total des votes.
Il faut d’emblée noter que, le vote étant anonyme, il n’est pas possible d’obtenir des statistiques par rôle linguistique, par région, etc.
A. PARTICIPATION
La participation aux élections gagne toujours à être analysée d’après son taux, car le nombre total de dentistes varie de quatre ans en quatre ans : actuellement, celui-ci est en (légère) hausse: il y avait 8.516 dentistes en 2003, 8.715 en 2007 et 8.797 en 2011.
En 2003, année des premières élections dentaires, 65,45% des dentistes avaient pris part aux élections.
Ce pourcentage est tombé à 59,82% en 2007, ce qui exprime de toute évidence un certain désintérêt.
Cependant, en 2011 – et c’est vraisemblablement dû à la présence du nouveau venu VBT ainsi qu’à la colère des dentistes sociaux – la participation a été la plus forte : 66,10%.
B. SYNDICATS FRANCOPHONES
On constate l’érosion constante des CSD (-17,10%) au profit de la SMD (+27,06%) : les deux évolutions sont symétriques, les CSD ayant en 2011 un nombre de voix pratiquement identique à celui de la SMD en 2003…
Il semblerait que la SMD soit vécue comme étant plus « dynamique », notamment au niveau des divers « services » qu’elle propose ; son ancrage bruxellois la favorise également : les CSD sont sans doute trop discrètes en comparaison…
Autre phénomène à relever : le nombre total de dentistes votant pour une formation francophone est en recul : ils étaient 2.374 en 2003 mais seulement 2.281 en 2011.
En pourcentage, ils représentaient 43,34% des votants en 2007 contre 39,23% en 2011.
Divers facteurs peuvent expliquer ce recul : un taux d’abstention plus élevé chez les Francophones (pas de « duel » passionnant dans le genre VVT-VBT…), les « bilingues » bruxellois devenant plus résolument néerlandophones, le vote de certains dentistes francophones* pour la VBT, etc.
En revanche, l’émigration vers la France ne jouerait aucun rôle significatif, d’autant que nombre de dentistes néerlandophones émigrent vers les Pays-Bas.
C. SYNDICATS NEERLANDOPHONES
La grande nouveauté ici est évidemment l’apparition d’une seconde formation néerlandophone : la VBT.
La VVT recule de 56,09% des voix exprimées en 2007 à 44,49% en 2011 (-9,70%) au profit de la VBT qui empoche du premier coup un très honorable 15,84% au niveau national – soit presque le même score que les CSD !
Le total des voix recueillies par des formations néerlandophones s’établit en 2011 à 60,33% (VVT + VBT) contre 56,09% en 2007 (VVT seule) : à cet égard, on peut émettre les mêmes remarques qu’au point B quant à l’évolution du pourcentage total de votes selon le régime linguistique.
C’est par la grâce de l’article 4 de l’AR du 6 février 2003, que la VBT obtient son second siège :
Art. 4. La répartition des mandats entre les organisations professionnelles de dentistes qui, en vertu de l’article 1er, sont reconnues représentatives, se fait selon le système de la représentation proportionnelle. Par mandat à attribuer dans un organe déterminé, il est requis un nombre de voix égal au quotient de la division du nombre total de suffrages émis par le nombre de mandats à attribuer ; des mandats restants, le premier est attribué à l’organisation qui, après l’opération précitée, a le plus grand nombre de suffrages restants, le deuxième à l’organisation qui a le deuxième plus grand nombre de suffrages restants, etc.. En cas d’égalité de nombres de suffrages restants, le mandat est attribué à l’organisation représentative qui a recueilli le plus petit nombre de suffrages.
En effet, avec 44,49% des voix, la VVT s’adjuge d’office quatre sièges, de même que la SMD avec 22,05% des voix s’en adjuge deux. Idem pour les CSD (17,18%) et la VBT (15,84%) qui se voient attribuer d’office un siège.
Sur un total de dix sièges, il en reste donc deux à attribuer : le premier va aux CSD et le second à la VBT. L’affaire s’est jouée à 5,84 – 4,49 = 1,35% d’écart, soit quelque 71 voix !
Il convient de relever qu’aucun groupe de sièges n’est réservé aux organisations néerlandophones – ni a contrario aux organisations francophones – et que l’attribution des dix sièges s’effectue sur une base strictement nationale.
D. CONCLUSIONS
Dès lors qu’elle a réussi à prendre pied, la VBT devient quasi indéracinable et ne va cesser d’ailleurs – en tout cas dans un premier temps – de se renforcer : financement officiel INAMI, visibilité et crédibilité accrues, aura du vainqueur, etc.
La VVT devra se ressaisir** et surtout se repositionner : du statut d' »Etat dans l’Etat », la VVT devra se contenter du rôle plus modeste*** de partenaire et se concentrer sur les « services ».
On peut dire que si l’une ou l’autre de ces deux formations avait l’idée de génie de sortir un tant soit peu de son humus linguistique et de s’ouvrir – même petitement – aux dentistes francophones ou anglophones (entendez : les dentistes non Belges…), elle prendrait du même coup une dimension syndicale et morale extraordinaire.
Car il faut regarder les choses en face : les CSD – pourtant portées sur le « social » – sont sur un inexorable déclin en raison de leur discrétion et la SMD est quant à elle incapable de s’ouvrir aux préoccupations de tous les dentistes francophones, même si ses « services » sont vécus positivement.
Mais, la relative ascension de la SMD contient le germe de son futur tassement : à force de se livrer à une chasse éhontée aux dentistes sociaux, son président Michel DEVRIESE a « antagonisé » beaucoup de monde…
A tort peut-être, nous comptons beaucoup sur Guido LYSENS pour apporter un regard neuf – et quelque peu profane – sur l’intégration des soins dentaires dans une société moderne, complexe et, s’agissant de la Belgique, profondément divisée…
On peut émettre le vœu que le temps des loufoqueries – le mot est faible – telles que l’imposition de « quotas maxima de pauvres » suivie d’un inqualifiable épisode pseudo-judiciaire à la CNDM en juillet 2010 est révolu, et que des hommes de la trempe de Guido LYSENS sauront faire montre d’un peu plus d’imagination et de concertation avec les acteurs de terrain.
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* Ce vote des dentistes sociaux francophones – ou en tout cas inscrits au rôle francophone – en faveur de la VBT est loin d’être une chimère : indépendamment du mot d’ordre lancé par l’ASBL Dentisterie sociale, nous avons vu des gérants de centres dentaires sociaux porteurs de grosses enveloppes de bulletins de vote vierges ; quand on sait que la VVT a perdu son 5ème siège à 342 – 271 = 71 voix près…
** Une véritable paranoïa s’était emparée, ces derniers temps, des caciques de la VVT…
*** Tel est bien le message de l’électeur : il veut une VVT plus « modeste » dans tous les sens de ce mot !
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