« Le Généraliste » passe à la trappe…
Dans notre News du 25 février 2011 intitulée La grande déglingue de la “presse médicale”, nous dressions un constat alarmant de l’état de la « presse médicale » – entendez par là ces journaux distribués gratuitement aux médecins, car financés par les annonces des firmes pharmaceutiques : « Le Journal du Médecin » et « Le Généraliste ».
Exemple typique du phénomène de concentration dans la presse écrite, UBM Medica (« Le Journal du Médecin ») et Roularta Medica (« Le Généraliste ») ont créé une nouvelle société 50/50, ActuaMedica SA, qui n’éditera plus qu’un seul titre au lieu de deux précédemment.
ActuaMedica SA sera gérée comme une entité indépendante, détachée des deux groupes actionnaires. La nouvelle société pourra toutefois profiter des tarifs d’impression préférentiels de Roularta.
Le titre survivant sera « Le Journal du Médecin », ce qui est logique du point de l’œcuménisme du lectorat.
La nouvelle maison d’édition sera logée dans les bureaux de Roularta à Evere et sera dirigée par Ben HOUDMONT, jusqu’à présent CEO de UBM Medica Belgique.
Le soutien administratif sera également assuré par Roularta Media Group, dans le cadre d’une convention de services. Par ailleurs, ActuaMedica pourra continuer à développer les atouts majeurs des produits électroniques du Journal du Médecin.
On sait qu’en matière de presse écrite, le « coût du premier exemplaire » est considérable : il faut en effet rémunérer chaque mois une importante équipe rédactionnelle, et ce quel que soit le tirage…
L’opération réalisée par UBM Medica et Roularta Medica s’analyse donc d’abord et avant tout comme la fusion de deux équipes rédactionnelles – avec son inévitable corollaire social, notamment le dégraissage de certains rédacteurs.
Et ce dégraissage sera fameux : le nouveau journal fonctionnera en principe avec deux fois moins de rédacteurs en chef, rédacteurs en chef adjoints et simples rédacteurs qu’auparavant.
On verra bien qui fera partie de la charette, mais nous sommes prêts à parier que Johanne MATHY, ex rédac’chef du « Généraliste », restera… au « Journal du Médecin ».
Officiellement, la suppression de l’un des deux titres de la « presse médicale » belge est imputable à la baisse des budgets publicitaires des firmes pharmaceutiques : on lira à cet égard la réaction de M. Peter BACKX sur la version néerlandaise de notre site www.securimed.eu/nl.
Mais en réalité les causes de cette fusion résident ailleurs : on évoquera sans nul doute la dispersion de l’attention du médecin vers des dizaines de sites web « concurrents » de fait, le manque foncier d’intérêt de la plupart des articles de ces deux titres*, la personnalité d’un ancien rédacteur en chef licencié en 2005, les médicaments génériques, la réglementation, etc.
La cause fondamentale est autre : c’est l’erreur – voire la faute – consistant à diffuser une information qui se voudrait scientifique à destination de médecins, tout en se plaçant de fait dans une situation de dépendance financière vis-à-vis de l’industrie pharmaceutique. C’était, évidemment, profondément malsain…
Ces médias à la solde de Big Pharma étaient donc biaisés, et c’est l’Internet qui, dès la fin des années nonante, a permis aux médecins de chercher – et de découvrir – des sources alternatives d’information, entamant du même coup le monopole et la crédibilité de cette « presse médicale ».
La revue indépendante « Prescrire » cesse-t-elle de paraître ? Au contraire, elle ne s’est jamais mieux portée… plus que jamais, le médecin-lecteur de 2012 veut la vérité et non la propagande**.
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* Editer deux fois par semaine un journal comportant uniquement des informations médicales ou médico-sociales belges relève en effet de la gageure… surtout quand l’on sait que la Belgique – déjà petit pays – compte au moins deux opinions publiques !
** Un des effets les plus pervers de cette « presse médicale » était de dresser les médecins contre tout ce qui représentait de près ou de loin l’Etat belge : gouvernement, ministre, INAMI, mutuelles, CRM, etc. et de les rabattre ainsi vers les firmes pharmaceutiques. Le but était de créer un simulacre d’alliance avec les firmes pharmaceutiques : Big Pharma – corps médical, même combat…